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INTERVIEW - Alice Detollenaere, marraine de Ruban Rose : “Pendant mon cancer du sein, Camille Lacourt a été mon pilier”

Guérie d’un cancer du sein, diagnostiqué en 2019, Alice Detollenaere est l’une des marraines de l’association Ruban Rose. Si son compagnon Camille Lacourt joue un rôle dans la campagne de prévention, le mannequin est toujours sur le front pour sensibiliser les femmes à cette maladie. En ce début d’Octobre rose, elle s’est confiée à Gala.fr.

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Raconter son histoire pour sensibiliser les femmes à la maladie. Telle est la mission d’Alice Detollenaere. Fin 2019, l’ex-Miss Bourgogne a été diagnostiquée d’un cancer du sein à un stade précoce, qui a pu être traité sans chimiothérapie mais avec une double mastectomie. Tant d’épreuves qu’elle a su surmonter grâce à l’amour et le soutien de son compagnon Camille Lacourt, figure de la nouvelle campagne de prévention de l’association Ruban Rose, dont elle est l’une des marraines. Avec sa bienveillance et sa force impressionnante, le mannequin ne cesse de partager son parcours pour lever les tabous, informer, accompagner et appeler au dépistage. En ce début d’Octobre rose, Alice Detollenaere a offert une leçon de vie auprès de Gala.fr. Rencontre.

Gala.fr : Vous êtes marraine de l’association Ruban Rose. Quelle est votre principale mission ?

Alice Detollenaere : Tous les ans, je me tiens disponible pour l’association Ruban Rose. Nous sommes trois marraines avec Évelyne Dhéliat et Claudia Tagbo. Mon rôle est de relater mon expérience. J’ai eu la chance d’être diagnostiquée d’un cancer du sein assez tôt. Mon histoire, même si cela a été une étape difficile, est d’autant plus belle car j’ai pu guérir et avoir mon enfant. J’ai pu rebondir assez bien pour pouvoir délivrer un message aux autres femmes. Cette année, c’est mon conjoint Camille Lacourt qui est la figure de prévention au titre des accompagnants.

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Gala.fr : Quel est le message que vous souhaitez transmettre avec cette campagne ?

Alice Detollenare : S’il y a beaucoup de malades en France, il y a encore plus d’accompagnants. Certes, quand on est malade, on porte la maladie physiquement. Par contre, on est plusieurs à la porter psychologiquement. C’est important aussi que les accompagnants se sentent représentés. Ils sont des piliers de l’équation. Ce n’était pas forcément évident pour Camille d’être la figure de cette campagne car c’est un sujet qui n’est pas facile pour nous. Puis, on s’est dit que cela ferait tellement de bien aux gens. Si on ne le fait pas, qui d’autre le fera ? Comme Camille parle beaucoup de santé mentale et de sport, cela faisait sens. On est trop contents de pouvoir participer à cette campagne ensemble.

Gala.fr : Malgré les nombreuses campagnes, on sent que c’est encore très tabou. Avez-vous cette impression ?

Alice Detollenaere : Vous avez complètement raison, c’est très paradoxal. D’un côté, la recherche avance. On rassure un peu mieux les femmes. De l’autre, on a un recul sur le dépistage. Il y a de moins en moins de femmes qui vont se faire dépister. Missionnée par l’ancien ministre de la Santé, l’association Ruban Rose avait lancé une opération pour comprendre pourquoi le dépistage est aussi mauvais dans certaines régions et pourquoi la démarche n’aboutit pas. Il est important de réfléchir à tout ça.

Sylvie Bessou

“Face à la maladie, on classe certaines choses par ordre de priorité”

Gala.fr : Comment souhaitez-vous aider les femmes dans leur combat contre le cancer ?

Alice Detollenaere : En leur racontant mon histoire. Je sais que c’est très difficile à entendre, surtout dans notre société, mais quand on est vraiment malade, le sein n’est pas très important. Ce n’est pas un organe vital. On va le reconstruire et on va dépasser quelque chose qu’on ne pensait pas au niveau de la féminité. Que ce soit dans la presse ou dans les magazines, il faut continuer d’expliquer le cancer du sein. C’est une vraie responsabilité de faire passer ce message.

Gala.fr : En janvier 2020, vous révéliez avoir un cancer du sein. Comment avez-vous appris cette maladie ?

Alice Detollenaere : Quand je suis allée chez un médecin pour faire la palpation, il ne trouvait pas la boule. J'ai donc pris son doigt. Il m’a posé des questions et m’a demandé si j’avais des antécédents familiaux. La sœur de ma mère a eu un cancer du sein et en est même décédée. L’hérédité est vraiment importante. Je ne savais pas ce qu’était une vraie prédisposition. Si elle est transmise et qu’on l’a, on peut développer un cancer du sein. Comme la plupart des gens, je pensais que ça sautait des générations. C’est faux. Après avoir fait cette palpation, on a reçu le diagnostic dans son bureau. Il a été aussi choqué que moi. La veille de mon opération avec lui, j’ai tout annulé et je suis partie à l'Institut Curie. Ma petite voix intérieure me disait de demander un second avis. On m’a tout de suite parlé de cette hérédité et de retirer tout mon sein.

Gala.fr : Pourquoi avez-vous, dans un premier temps, choisi de taire la maladie ?

Alice Detollenaere : Je me suis dit : chaque chose en son temps. Un an auparavant, j’avais perdu mon père d’un cancer qui s’était généralisé. Des années plus tôt, c’était ma tante. On a vraiment été étranglés de chagrin. Quand j’ai appris pour mon cancer, je me suis dit que j’allais assommer ma famille. Je me suis dit que je ne pouvais pas encaisser leur peine. Il a donc fallu trouver le courage de le faire. Puis, on dépasse tout ça, ça libère et ça fait du bien. En tout cas, c’est une bombe.

Gala.fr : Avez-vous eu peur de mourir ?

Alice Detollenaere : Oui. De toute façon, dès qu’on arrive dans le bureau du médecin et qu’il vous annonce votre cancer et le déroulement, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Ça dure des semaines. C’est vraiment la partie la plus difficile et la plus éprouvante. À ce moment-là, je croyais que j’allais vivre la même histoire que ma tante, que je n’allais plus avoir de cheveux et que j’allais devoir me battre pendant dix ans. Une fois qu’on sait quel va être le protocole, on se relève les manches et on y va.

Gala.fr : Vous avez subi une masectomie, cela a-t-il changé votre rapport à votre féminité ?

Alice Detollenaere : Complément ! Lorsque la chirurgienne spécialisée dans la reconstruction mammaire m’a dit qu’on allait enlever le sein, je me suis effondrée. Elle m’a tout de suite rassurée en me disant qu’on allait se donner une chance de le reconstruire directement. Elle m’a alors demandé si j’étais prête à encaisser ça. Je lui ai répondu qu’on s’en foutait de ma féminité, ce n’est pas grave (elle rit). On classe certaines choses par ordre de priorité. Finalement, la féminité passe un peu derrière. Je me suis dit que ça ne redeviendrait jamais comme avant, il fallait accepter et faire la paix avec soi-même.

Gala.fr : En parlant de féminité, est-ce que la maladie a eu des conséquences sur votre vie sentimentale et sexuelle ?

Alice Detollenaere : Oui, ça chamboule sur beaucoup d’aspects. Il faut vraiment communiquer avec son conjoint. En disant à Camille que j’avais peur qu’il ne me trouve plus belle, je ne me suis jamais sentie autant à nu. J’avais tellement de peurs. La pire chose qui pouvait m’arriver est qu’il ne m’aime plus. Lorsque je lui en ai parlé, il a rigolé. Il m’a dit que même si je n’avais plus de sein ou de cheveux, il continuerait de m’aimer.

“Mon compagnon m’a vraiment porté face à la maladie”

Gala.fr : D’ailleurs, votre compagnon a été un soutien de taille dans cette épreuve. Comment vous a-t-il épaulé ?

Alice Detollenaere : Cela m’a fait du bien de ne pas le sentir paniqué. Il était toujours très confiant et ne cessait de me dire que tout irait bien. Il m’a beaucoup aidé à relativiser. Je pense que son mental de champion y a été pour beaucoup. Il m’a vraiment porté face à la maladie. En plus, à cette époque-là, on n’avait pas du tout de sous. Cela a été très difficile pour Camille dans son après-carrière. Il s’est fait avoir par pas mal de personnes. En plus, si j’ai annulé ma première opération, c’est parce que je n’avais pas les moyens de la payer. De me dire que je lui apportais un malheur de plus, alors qu’il en avait déjà beaucoup, c’était difficile. Malgré tout, il est resté à mes côtés. C’était mon pilier. On a dépassé ça et je me suis dit que c’était vraiment le bon.

Gala.fr : Pourtant la maladie a mis à rude épreuve votre couple, comment avez-vous fait pour éviter la séparation ?

Alice Detollenaere : C’était après la maladie. À aucun moment, on se dit que ce sera plus difficile que le pendant. Or, il y a la désillusion de ne pas retrouver sa vie d’avant et on ne comprend pas pourquoi. Du coup, on culpabilise. C’est un cercle vicieux. C’est à partir de là que notre couple a été mis à rude épreuve parce que c’était un montage psychologique très bizarre. J’avais besoin de tester mon couple. Comme il était resté avec moi parce que j’étais malade, je me suis demandée s’il allait aussi rester avec moi comme je vais mieux. C’était très bizarre. On a donc été voir une thérapeute car on ne comprenait pas ce qui se passait.

Gala.fr : Vous êtes ensemble depuis six ans, à quel moment avez-vous compris que vous étiez faits pour être ensemble ?

Alice Detollenaere : Je savais que ce serait l’homme de ma vie à cette époque-là. Je me suis dit que si on avait survécu à cette épreuve, on pouvait résister à pas mal de choses.

Gala.fr : Votre fils Marius est né un an après votre cancer. Cette maternité a-t-elle été comme une lueur d’espoir après votre combat contre la maladie ?

Alice Detollenaere : Comme j’ai été diagnostiquée tôt et que j’ai eu la chance de ne pas passer par la chimiothérapie, il n’y avait pas de problème pour faire un enfant. Quand on m’a annoncé que j’avais un cancer, avec Camille, on avait le projet de fonder notre famille. Donc, une fois guérie, on a repris le projet puis le cours d’une nouvelle vie avec une saveur toute particulière. On n’a pas dormi pendant deux ans mais on ne s’est jamais pris la tête. C’était encore plus beau.

Gala.fr : Quel genre de maman êtes-vous ?

Alice Detollenaere : Je pense que je suis une maman cool et qui compose beaucoup. Mon fils est un peu un petit terroriste. Comme Camille, je suis un peu choquée car on se demande souvent ce qu’il faut faire (elle rit). On utilise tous les stratagèmes pour qu’il fasse ce qu’il doit faire. Par contre, c’est une boule d’amour entière.

Gala.fr : Avez-vous des petits rituels mère/fils ?

Alice Detollenaere : Tous les soirs, je lui lis une histoire et on décide pour qui on fait des papouilles. On en fait une quinzaine pour la maîtresse ou pour Oui-Oui. Enfin, des rituels, on en a plein.

Gala.fr : Vous êtes également la belle-mère de Jazz . Quelles sont vos relations ?

Alice Detollenaere : Lorsque j’ai rencontré Jazz, elle avait six ans. C’est une enfant qui est toute en douceur et très docile. Elle ne fait jamais de bêtise. On lui dit : “Ma puce, il faut que tu ailles prendre ta douche”. Elle y va sans rechigner. On est très proche comme je l’ai la moitié du temps.

Gala.fr : Même avec l’ex de votre compagnon, Valérie Bègue , vous avez une belle complicité. Vous attendiez-vous à former une famille recomposée soudée ?

Alice Detollenaere : Valérie est vraiment une femme extraordinaire que j’adore. Elle m’a tout de suite fait confiance avec sa fille. Je trouve ça hyper fort et courageux, d’autant plus qu’aujourd’hui je ne sais pas comment je réagirais si je devais confier mon enfant à quelqu’un d’autre. Elle a eu cette intelligence que je trouve incroyable. Dès le début, elle a fait en sorte que tout se passe le mieux possible pour sa fille. À travers Jazz, on s’est trouvé une amitié très forte. Je ne m’attendais donc pas à former cette famille recomposée même dans mes rêves les plus fous. Si ça pouvait être comme ça pour tout le monde, ça serait super.

Gala.fr : Vous semblez pleinement épanouie et amoureuse. Que souhaitez-vous pour les années à venir ?

Alice Detollenaere : Je souhaite que nos enfants soient les plus épanouis et les plus heureux. Et puis, avec mon conjoint, je souhaite qu’on trouve toujours un équilibre entre la santé mentale et la santé physique. Je pense que c’est le plus important et que cela nous aide à avancer dans la vie. Quand on trouve l’équilibre, on trouve le bonheur.

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