EXCLU VIDÉO - Mathieu Madénian ému : ce message de Charb qu’il garde précieusement dans son portable

Derrière l’humour, une blessure profonde. Invité de Bernard Montiel sur RFM, Mathieu Madénian revient avec émotion sur l’attentat de Charlie Hebdo et sur Charb, son ami disparu. Un souvenir gravé… dans son téléphone.
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Mathieu Madénian, actuellement à l’affiche de son nouveau spectacle À pleurer de rire au Théâtre Solo à Paris, sera l’invité de Bernard Montiel dans 1h avec…, ce dimanche 11 mai sur RFM. Dans un extrait exclusif, l’humoriste se livre avec une rare sincérité sur ce drame personnel et collectif qui continue de le hanter : l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Bernard Montiel évoque le sujet avec tact : «La terrible expérience de Charlie Hebdo, c’est un point central dans ta vie, ça a dû être un sacré tournant à tous les niveaux.» Ce à quoi Madénian répond sans détour : «Oui, évidemment. Non seulement tu perds des gens à qui tu tenais humainement - parce que les gens me parlent des dessinateurs, moi je parle de potes que je voyais souvent - et deuxièmement, tu échappes de peu à prendre une balle de kalachnikov dans la tête quoi… Ça n’a aucun sens.»
Son émotion est palpable lorsqu’il raconte le moment où sa mère l’appelle, terrifiée, pour s’assurer qu’il est en vie : «Là tu prends du recul. Tu te dis : ah ouais, c’est pas dans l’ordre des choses. Je fais pas ce métier pour prendre des balles. Donc oui, ça remet des choses en place.» Ce jour-là, Mathieu Madénian devait justement se rendre dans les locaux du journal. Une télévision en panne lui sauve la vie. «Je la réparais, je regardais ce qu’il n’allait pas derrière, et je voyais le bandeau BFM : “Tirs à Charlie”. Je me disais : mais c’est quoi ?» Et puis il y a ce dernier texto, qui résonne comme une capsule du temps, entre humour noir et tendresse. «Le dernier message que j’ai envoyé à Charb, c’était : “Je te préviens – j’avais acheté un gâteau des rois – si t’es mort, t’auras pas de gâteau des rois.” Je me vois en train de faire le numéro de téléphone et que ça sonne dans le vide. C’est horrible.», se souvient l’humoriste.
Mathieu Madénian garde tous les numéros et les messages des personnes disparues de son entourage
Ce texto, et tous les autres, le jeune papa les a gardés. «J’ai encore tous les messages. Parce que j’ai encore la naïveté de croire qu’en gardant les messages des gens qui ont disparu, si un jour je vais les appeler, ils vont répondre. Mais j’utilise pas ce joker-là. Mais j’espère.», confie le comédien. Charb avait pour lui un surnom affectueux : «Il m’appelait “mon Arménien préféré”, et entre parenthèses : “parce qu’il en reste plus beaucoup”, il mettait toujours» Et parfois, pour se remonter le moral, Mathieu Madénian les relit : «Les messages, c’est aussi important que les photos. Je relis souvent les messages. Quand je vais pas trop bien, ou pour rien, je regarde ça et je me dis : “ah ça va en fait.”» Une séquence forte, ponctuée par une anecdote de Bernard Montiel lui-même : «Charb, je l’ai dans mon bureau, devant moi. Il m’a fait un dessin et il m’a mis : “Pour Bernard Montiel que j’aime, tu es le Brialy d’Isabelle Adjani.”» Ce qui déclenche chez son invité un rire franc : «C’est super marrant !»
L’interview intégrale de Mathieu Madénian par Bernard Montiel est à écouter ce dimanche 11 mai, dans 1h avec… , sur RFM, dès 12 h.
Article écrit en collaboration avec 6Médias.